Autocompassion et retour au travail
Autocompassion et retour au travail
Avec la baisse des cas de COVID-19 partout au Québec et le déconfinement graduel, une période importante de transition s’amorce sur le marché du travail. Plusieurs secteurs d’emploi ré-ouvrent alors que d’autres font un retour progressif en présentiel.
Face à cette transition, de nombreux travailleurs vivent un retour à une semi-normalité qui amène son lot d’anxiétés et d’incertitudes. Comment s’assurer de faire un retour au travail sécuritaire pour sa propre santé et celle des autres ? Comment retrouver des habitudes de travail après une longue période de chômage ? Comment se réhabituer à travailler au bureau après plus d’un an de télétravail ? Tant de questions qu’amènent un retour à une normalité qui nous semble déjà étrangère.
Considérant les essais-erreurs qu’amènent une période de transition, notre réflexe est souvent de se critiquer de ne pas être ‘assez compétent(e)’ ou ‘assez intelligent(e)’ en se disant que ça nous poussera à être plus productifs. Pourtant, de nombreuses études à travers la planète démontrent qu’une attitude de bienveillance envers soi-même serait davantage bénéfique pour performer professionnellement, faire preuve de résilience et maintenir une bonne santé mentale. C’est ce qu’on appelle communément l’autocompassion.
Contrairement à de nombreux mythes, une attitude d’autocompassion ne revient pas à faire preuve d’égoïsme, de narcissisme ou de complaisance. Selon Kristin Neff, chercheure pionnière sur l’autocompassion au niveau mondial, ce concept se définit selon trois éléments-clés :
1. L’auto-bienveillance qui réfère à se traiter avec douceur et considération en situation d’échec plutôt que de s’autocritiquer,
2. Le sentiment d’humanité commune qui réfère à la considération de ses échecs et de ses imperfections comme inhérents à la condition humaine plutôt que limités à soi,
3. La présence attentive qui revient à ressentir et observer les émotions et les sensations du moment présent sans les juger ou tenter de les modifier.
Comment cultiver l’autocompassion pour faire preuve de résilience face au contexte actuel ?
Disons que vous revenez au travail après une longue période de chômage dû au COVID-19. Cela fait des mois que vous étiez à la maison et, du jour au lendemain, vous devez vous habituer à un horaire fixe, vous plier aux exigences de productivité de votre patron et vous intégrer à une nouvelle équipe de travail. L’adaptation à cette nouvelle réalité vous fait vivre beaucoup de stress et d’anxiété et vous commettez quelques erreurs.
Prenez une grande respiration :
1. Prenez le temps de ressentir les émotions et les sensations qui se manifestent dans votre corps dans le moment présent sans jugement de valeur, par exemple de ressentir une boule dans votre ventre et reconnaître que vous êtes stressés,
2. Faîtes preuve de gentillesse envers vous-même et parlez-vous comme vous parleriez à votre meilleur(e) ami(e), par exemple : Cette situation est nouvelle et stressante pour moi. Je dois respecter mes limites et me laisser le temps de m’adapter,
3. Dîtes-vous que vous n’êtes probablement pas le/la seul à vivre des émotions difficiles dans la situation actuelle, par exemple : Je ne suis pas la seule personne qui se sente incertaine et confuse dans un nouveau contexte de travail. Je ne suis pas seul(e) dans cette expérience. Cela peut être fait dans une petite médiation de 5 minutes afin de vous recentrer, sans que les autres ne s’en rendent compte. Vous aurez ainsi l’occasion de reprendre vos activités de manière plus sereine et optimiste.
En somme, l’autocompassion est une attitude au quotidien qui permet de se soutenir soi-même dans les situations difficiles plutôt que se plonger davantage dans la souffrance par l’autocritique et le rabaissement de soi. Comme le dit Kristin Neff : « Nos succès et nos échecs vont et viennent, mais ne définissent jamais notre valeur interne ».
Particulièrement dans la période de transition que nous traversons, faîtes preuve de bienveillance envers vous-même, soyez patients et respectez vos limites.
Vous vous en trouverez plus motivés, satisfaits et productifs.
Viviane Poirier
Stagiaire en employabilité